Pendant des siècles, l’environnement a procuré des habitations à l’homme, et aux innombrables organismes qui peuplent notre planète. Cependant, les besoins insatiables des humains nous ont amené à suivre des stratégies de survie et d’adaptation peu soutenables. Les modes de vie et de consommation ainsi adoptés se sont négativement répercutés sur l’environnement, entraînant sa dégradation.
De nos jours, de nombreux problèmes environnementaux sont issus des comportements individuels des consommateurs et des activités des entreprises. En effet, il s’est avéré que l’environnement dépend fortement de la salubrité de l’économie et de la population mondiale. Conséquemment, il est de plus en plus nécessaire de comprendre les schémas, les connexions, les systèmes et les causes profondes de cette détérioration de l’environnement. Pour ce faire, l’éducation environnementale a fait ses preuves d’outil puissant pour enrayer cette dégradation de l’environnement et ces problèmes alarmants qui en résultent. Afin de parvenir à ce résultat, une bonne compréhension et une bonne application des théories et des modèles comportementaux sont nécessaires.
Que dit la theorie sur le changement de comportement?
En effet, l’éducation du public sur les questions environnementales et écologiques est susceptible de modifier les comportements des individus. Ce raisonnement est fondé sur le soupçon que mieux les individus sont informés, plus ils seront conscients des défis environnementaux. Et par conséquent, ils seront plus motivés à se comporter d’une manière responsable et respectueuse de l’environnement. Nombreux modèles lient la connaissance aux attitudes, et les attitudes au comportement. Ainsi, lorsque la connaissance augmente, des attitudes favorables à l’environnement peuvent aboutir au développement des actions responsables et respectueuses de l’environnement. Mais ce n’est pas toujours le cas.
Des recherches ultérieures ont montré qu’en effet, une multitude de variables interagissent à des degrés différents pour influencer l’adoption d’un comportement respectueux de l’environnement.
La conscience est-elle suffisante pour devenir respectueux de l’environnement?
Une bonne connaissance de l’environnement et des défis auxquels il fait face, n’implique pas forcément un comportement durable qui respecte l’environnement. Et de l’autre côté, le manque de cette connaissance et le défaut de sensibilisation à l’environnement n’entraînent pas nécessairement des pratiques qui nuisent à ce dernier. Ainsi, il faut prendre en compte d’autres facteurs. Dits intermédiaires, ces facteurs comprennent le locus de contrôle, l’intention d’agir et la responsabilité individuelle. Le locus de controle est un sentiment intériorisé de contrôle personnel sur les événements de sa propre vie.
Dans ce sens, Hines, Hungerford et Tomera ont proposé la théorie du comportement respectueux de l’environnement (Theory of environmentally responsible behavior). Le modèle ainsi mis en avant débatte que l’intention d’agir est un facteur majeur qui influence le comportement respectueux de l’environnement. Outre, le modèle indique que le locus de contrôle, les attitudes, le sens de responsabilité personnelle et les connaissances influencent également l’adoption de ce comportement.
La théorie du comportement respectueux de l’environnement
Prenons l’exemple de la gestion des déchets, il n’y a pas un facteur évident qui explique les comportements actuels ou qui suffit pour provoquer un changement de comportement. Bien que la réglementation interdit les actes d’entassement des déchets au milieu des rues dans de nombreuses villes, on trouve quand même ces comportements non salubres. Certains le font lorsque le contrôle des autorités n’est pas disponible, certains se permettent de le faire tout simplement parce que les autres le font, mais certains arrivent à trouver les moyens pour se débarrasser décemment de leurs déchets.
Cela implique que les connaissances seules sont loin d’être suffisantes pour agir de manière responsable. Les connaissances de certains individus sur l’environnement et les réglementations pourraient les inciter à adopter une bonne attitude. Cette attitude pourrait à son tour se traduire en bonnes intentions d’agir. Tandis que certains individus peuvent être influencés par les actions des autres, ou peuvent se conformer au contrôle interne et externe.
Qu’est ce qui constitue notre predisposition à un comportement plus soutenable?
Unis sous un concept global, les attitudes, le centre de contrôle, les connaissances et l’intention d’agir constituent une base sur laquelle se forment les prédispositions à un comportement environnemental.
Quant aux challenges environnementaux actuels, la plupart sont des dilemmes plutôt coopératifs que individuels. C’est-à-dire, que les actes qui sont à leur origine sont à un niveau individuel bénéfiques à la personne. Mais ils sont loin de l’être pour le groupe. Par exemple, individuellement, chacun profite de conduire sa voiture à sa guise. Mais l’effet combiné de toutes les émissions sape la santé de toute la communauté dans certains pays.
La theorie de l’adoption du comportement cooperatif
Le centre du comportement et de l’environnement , Rare, a développé la théorie de l’adoption du comportement coopératif. Les 3 phases de cette théorie consistent à générer une demande collective en premier lieu, à coordonner un changement de comportement par la suite, et enfin à renforcer la nouvelle norme ainsi créée.
Source: Cooperative behavior adoption guide, Applying Behavior-Centered Design to Solve Cooperative Dilemmas, Rare
La demande collective:
Pour qu’une communauté revendique un changement, de manière collective, il faut que les membres de cette communauté aient deux croyances clés: ils croient que tout le monde devrait changer de comportement parce que c’est la bonne chose à faire, et ils croient également que tout le monde dans leur communauté pense qu’ils devraient changer. En effet, la revendication du changement est la première étape critique dans le processus de changement vers un résultat coopératif. Néanmoins, seule, cette phase n’est pas suffisante pour aboutir à un changement de comportement. En réalité, même si les personnes souhaitent changer, elles ne seraient disposées à ce changement que si elles sont persuadées que les autres autour d’elles changeraient également.
La coordination du changement:
Cela requiert donc le passage à la deuxième phase du processus de changement comportemental. Donnant suite aux croyances précédemment définies, la coordination du changement de comportement implique qu’une nouvelle norme émerge de la demande collective ainsi créée. Néanmoins, cette norme serait instable, et vulnérable face à n’importe quel choc susceptible de ramener la communauté au comportement peu coopératif.
Le confinement nous a-t-il aidé à devenir plus responsables?
Au vu des circonstances actuelles liées à la pandémie du COVID-19, le monde est sans doute en train de se transformer. Particulièrement durant le confinement, beaucoup de gens ont modifié leurs habitudes. En passant plus de temps à la maison, les gens ont développé leur conscience écologique et sont devenus plus sensibles à l’environnement. En fait, le confinement a offert aux gens une opportunité de regarder les choses avec du recul. Et il leur a permis de réévaluer leurs modes de vie et leurs habitudes. Les gens ont commencé à faire plus de sport, à consommer local, à acheter moins, et à gaspiller moins. Ils sont également devenus plus conscients de la pollution, de l’ampleur du problème des émissions de carbone, etc. Lors du confinement, nombreuses vidéos d’animaux en ville, “animals taking over city streets”, de ciels bleus et d’air plus pur, et de l’eau des canaux de Venise plus clair son, sont devenues virales.
Quelles motivations animent ce changement?
Pour mieux comprendre les motivations des gens à adopter des comportements plus responsables lors du confinement, Bulb Énergie a mené une étude auprès de 2,000 citoyens du Royaume-Uni. Cette étude a montré que 37% des habitants du Royaume-Uni ont adopté des comportements plus soutenables durant le confinement. 35% ont exprimé qu’ils sont devenus plus conscients de la nature. Et qu’ils l’apprécient davantage, grâce au fait d’entendre les chants des oiseaux durant le confinement. Et 25% disent qu’ils étaient inspirés par la diminution de la pollution de l’air dans les villes.
Ces changements ont en effet fait du bien à la nature, autant qu’aux personnes. 37% des répondants ont affirmé que ces comportements soutenables leurs ont aidé à économiser de l’argent, à faire baisser leurs factures et à minimiser leur empreinte écologique.
Quel est l’essor de ces nouvelles habitudes soutenables apres le confinement?
Fâcheusement, à mesure que les pays sortent de l’isolement, les gens commencent progressivement à abandonner ces nouveaux comportements responsables. Et ils commencent à reprendre les anciennes habitudes peu soutenables. Les émissions de carbone, par exemple, commencent à rebondir ainsi que la pollution urbaine.
Le renforcement de la nouvelle norme
Pour éviter cette chute, et pour que la nouvelle norme persiste, il faut la renforcer. Cela peut etre fait à travers des activités permettant aux membres de la communauté d’adopter deux croyances clés finales. Il faut qu’ils soient persuadés que s’ils enfreignent la nouvelle norme, les autres le sauront. Il faut aussi qu’aucune excuse ne soit acceptée par les autres pour justifier cette infraction de la norme.
De telles théories permettent de créer des voies relationnelles pour trouver des solutions durables à divers problèmes environnementaux, issus de différents comportements humains. Lors de la conception d’une solution aux dilemmes coopératifs, nombreux facteurs sont à prendre en considération dans le processus. Il est également important que cette solution réponde à une demande collective. Et qu’elle coordonne et consolide la nouvelle norme qui en naît.
Sources:
Akintunde, E. A. (2017). Theories and concepts for human behavior in environmental preservation.
Cooperative behavior adoption guide, Applying Behavior-Centered Design to Solve Cooperative Dilemmas, Rare
https://behavior.rare.org
https://bulb.co.uk/blog/how-lockdown-made-us-more-conscious-of-our-impact-on-the-planet