Un terrain couvert d’arbres, représente-t-il vraiment une forêt? Selon le botaniste Francis Hallé, on a très souvent tendance à les confondre. Alors qu’en réalité, ce n’est pas toujours le cas! D’après Hallé, les plantations d’arbres et les forêts, sont deux choses différentes, voire même opposées.
Quelle est donc la différence entre ces deux ensembles d’arbres?
En réalité, la forêt est un écosystème naturel, qui s’est produit spontanément, sans aucune intervention humaine. Cet écosystème s’orchestre progressivement au fil du temps pour regrouper différentes arbres autochtones, de différents âges, ainsi que leur biodiversité associée. En effet, ces arbres, spontanément implantées, abritent une diversité faunique et floristiques. Cette diversité n’est pas nécessairement trouvée dans les autres plantations mises en place par les hommes. La biodiversité végétale attire la biodiversité animale, et cela est de plus en plus important si des vieux arbres ou du bois mort existent dans l’écosystème.
De l’autre côté, la plantation d’arbres est une pratique qui requiert des investissements importants. Et elle se limite souvent à une seule espèce d’arbre. Outre la présence d’une seule espèce, les plantations différent des forêts en termes d’âge des arbres. Généralement, dans les plantations, on trouve des arbres ayant le même âge, étant donné qu’ils étaient plantés au même temps.
En réalité, les plantations d’arbres sont souvent associées à des objectifs économiques et aux besoins du marché, sans aucun souci de l’équilibre de l’écosystème en soi et de la biodiversité. Par défaut, la diversité faunique y est faible. Et conséquemment la diversité faunique est également faible étant donné le manque de ressources alimentaires et la discontinuité des chaînes alimentaires.
Prenons par exemple une plantation d’acacias. Cette espèce est réputée pour sa dominance, empêchant toute autre espèce végétale de pousser à proximité d’elle. Par manque de biodiversité végétale, on ne trouvera pas des animaux dans cette plantations. Et on ne trouvera que des arbres d’acacias! Outre l’absence de la biodiversité faunique, la monospécificité des plantations les rendent vulnérables face aux parasites et aux maladies. Elles sont également plus menacées par les tempêtes et les feux que les forêts.
Les aspects négatifs des plantations, qui remplacent progressivement les forêts partout dans le monde, ne se limitent pas seulement à la perturbation de l’équilibre de la nature. Ils portent également atteinte aux populations autochtones, qui très souvent en dépendent.
Pourquoi alors ces plantations se sont tellement propagée ces dernières décennies?
Les industries forestières, dont le business s’appuie sur le bois, le papier ou l’huile de palme par exemple, présentent leurs monocultures comme projets de développement, offrant des emplois et stimulant l’économie locale ou encore comme des puits de carbone luttant contre le réchauffement climatique et la déforestation. Publicité mensongère, ou actions de RSE (responsabilité sociétale des entreprises) cosmétique, les effets néfastes qu’engendrent ces plantations ne peuvent pas être longtemps masqués!
Quels sont les effets négatifs des plantations d’arbres?
Pour mettre en place leurs plantations, les industriels détruisent de véritables forêts naturelles. Ce déboisement entraîne la libération du carbone des arbres dans l’atmosphère. Et conséquemment, contrairement à ce que promeuvent les industriels, les plantations ne sont pas des puits de carbones. Mais elles en sont plutôt des sources! En plus, l’exploitation de ces plantations repose sur la rotation rapide. C’est à dire ces plantations sont déboisées et plantées fréquemment, chose qui empire le retour du CO2 dans l’atmosphère, aggravant ainsi le changement climatique et le réchauffement de la planète.
La création d’emploi n’est qu’un autre masque que portent les industriels forestiers pour blanchir leur crimes environnementales. En réalité, leurs plantations privent les populations autochtones des innombrables ressources et services fournis par leurs forêts naturelles. En contrepartie, ils leurs offrent des emplois, non durables. Le World Rainforest Movement (WRF) dans leur publication “Plantations are not forests”, donnent l’exemple de nombreux pays tropicaux, ou les forêts ont disparu et où les habitants ont perdus leurs emplois a cause de l’activité industrielle forestière.
Protégeons nos forêts naturelles pour un avenir durable!
Heureusement, l’espoir en un meilleur avenir, où l’homme et la nature coexistent, est toujours là, grâce à la prise de conscience de plus en plus répandue de l’importance de la protection de l’environnement et de la biodiversité. Protégeons nos forêts naturelles, tirons profit des services écosystémiques qu’elles nous offrent, sans autant compromettre le futur de notre planète.