Les insectes pollinisateurs: des auxiliaires indispensables

Ayant évolué au cours de millions d’années, la pollinisation est un processus écosystémique qui bénéficie aux  plantes aussi bien qu’aux pollinisateurs. En effet, ces derniers fréquentent les fleurs pour multiples raisons, dont la collecte du pollen et la protection. 

Quand les pollinisateurs rendent visite aux fleurs, le pollen se colle à leurs corps. Ainsi, en allant d’un endroit à un autre, le pollinisateur transfère le pollen d’une fleur à une autre. Ce processus de pollinisation est en effet indispensable pour la floraison et pour la production de graines ou de fruits de nombreux arbres et plantes. 

En plus des services qu’ils fournissent à la nature, les pollinisateurs sont aussi nécessaires pour la santé et la productivité des écosystèmes agricoles. 

Quoique certaines espèces floristiques dépendent du vent ou même de l’eau pour le transfert du pollen, la grande majorité (soit environ 90%) de toutes les espèces végétales ont besoin de l’aide d’animaux pollinisateurs. Dans le monde, il existe environ 200 000 espèces animales distinctes qui assurent la pollinisation. Parmi ceux-ci, environ 1 000 sont des vertébrés (oiseaux, chauves-souris et petits mammifères). Et le reste sont des invertébrés, notamment des mouches, des coléoptères, des papillons, des papillons de nuit, des abeilles, etc. 

Les pollinisateurs, des acteurs irremplaçables de l’écosysteme!

 

Les apidae: 

Les abeilles sont l’un des plus grands groupes de pollinisateurs. Elles peuvent se comporter comme des animaux sociaux ou solitaires. Les abeilles mellifères et les bourdons, pollinisateurs typiquement eusociaux, sont des généralistes qui visitent de nombreuses espèces végétales pour obtenir du nectar et du pollen. Les abeilles, le plus important pollinisateur des cultures, pollinisent plus de 100 fruits et légumes différents. Tandis que les bourdons, qui vibrent en pollinisant, sont des pollinisateurs plus efficaces pour des plantes comme les tomates.

Les guêpes: 

Généralement, les guêpes sont considérées moins efficaces que les abeilles dans la pollinisation, bien que certaines espèces visitent des fleurs. Au fait, contrairement aux abeilles, les guêpes ne disposent pas de poils corporels qui tiennent le pollen et permettent ainsi de le transporter. Néanmoins, certaines espèces de guêpes parviennent à assurer la mission!

En effet, les Masarinae, couramment appelées guêpes à pollen, ont la particularité de nourrir leurs petits de pollen et de nectar. Outre, les guêpes communes (V. vulgaris) et les guêpes européennes (V. germanica), fournissent des services de pollinisation à une orchidée appelée helleborine à feuilles larges.


Récemment, les chercheurs ont découvert que cette orchidée en particulier libère un cocktail chimique dont l’odeur est similaire à l’infestation de chenilles pour attirer les guêpes prédatrices.

Parmi les guêpes pollinisateurs les plus notables, les guêpes figues comme leur nom l’indique, pollinisent les fleurs du fruit de la figue en développement. Sans ces pollinisateurs, il y aurait une très faible probabilité de figues à l’état sauvage.

Les fourmis: 

Bien que ce soit rare, les fourmis assurent des fois la pollinisation. En effet, la plupart des fourmis pollinisatrices sont des fourmis capables de voler. Chose qui leur permet de distribuer les grains de pollen. Quant aux fourmis qui marchent de fleur en fleur, l’échange de pollen pouvant avoir lieu, reste limité à une petite population de plantes étant leur faible mobilité.

 

Les mouches: 

Beaucoup d’entre elles préfèrent se nourrir de fleurs et fournissent ainsi des services de pollinisation essentiels aux plantes qu’elles fréquentent. Près de la moitié des 150 familles de mouches visitent les fleurs. Leur service de pollinisation est particulièrement important et efficace dans les environnements où les abeilles sont peu actives, tels que  les habitats alpins ou arctiques.

Parmi les mouches pollinisatrices, les syrphes, de la famille des Syrphidés, en sont les plus reconnues pour leur activité de pollinisation. Environ 6000 espèces de cette famille sont connues dans le monde.

Également appelées mouches des fleurs, elles sont associées aux fleurs. Et beaucoup d’entre elles sont des imitatrices d’abeilles ou de guêpes. 

Certaines espèces disposent d’une partie buccale modifiée qui leur permet d’atteindre le nectar de fleurs longues et étroites. En plus, environ 40% de ces espèces portent des larves qui se nourrissent d’autres insectes, ce qui offre aux plantes pollinisées des services de lutte contre les parasites. 

Les syrphes assurent la pollinisation d’une variété de cultures fruitières, telles que les pommes, les poires, les cerises, les prunes, les abricots, les pêches, les fraises, les framboises et les mûres. 

Mais elles ne sont pas les seules mouches pollinisatrices. Il en existe plein d’autres, tels que les mouches de charogne, les mouches-abeilles, les Tachinidae, etc.

Les midges: 

En absence de midges, un type de petits moucherons, il n’y aurait pas de chocolat! 

En effet, les moucherons, en particulier ceux des familles Ceratopogonidae et Cecidomyiidae, sont les seuls pollinisateurs connus des petites fleurs du cacaoyer qui permettent à l’arbre de produire des fruits.

Il semble que ces moucherons sont les seules créatures capables de se faufiler dans les fleurs compliquées à polliniser. En plus, leur activité est parfaitement synchronisée avec l’ouverture des fleurs de cacao, qui se produit avant le lever du soleil.

Les moustiques:

Les moustiques sont avant tout connus pour se nourrir de sang. Mais réellement, ce ne sont que les moustiques femelles qui le font! En effet, la succion du sang ne se produit que lorsque la femelle du moustique a des œufs à pondre.

Contrairement à ce que l’on pense, la nourriture préférée des moustiques n’est pas le sang, c’est plutôt le nectar. Les mâles le consomment afin de se dynamiser pour leurs vols à la recherche des partenaires. Quant aux femelles, elles consomment aussi du nectar avant l’accouplement. 

Chaque fois qu’un moustique visite une fleur pour consommer du nectar, il y a de fortes chances qu’il collecte et qu’il transfère du pollen. 

Les papillons et les papillons de nuit: 

Les papillons semblent obtenir une grande partie du crédit en tant que pollinisateurs, mais les papillons de nuit font aussi leur part de distribution du pollen. La plupart des papillons de nuit sont évidemment nocturnes et ils ont tendance à visiter des fleurs blanches et parfumées, comme le jasmin.

Les papillons de nuit et les sphingidés, aussi appelés Sphinx, sont peut-être les pollinisateurs les plus visibles. De nombreux jardiniers sont familiers avec la vue d’un Sphinx colibri flanant de fleur en fleur. 

Le naturaliste et biologiste Charles Darwin a émis l’hypothèse qu’une orchidée comète, également connue sous le nom d’Angraecum sesquipedale, a un nectaire exceptionnellement long. Le nectaire c’est la partie de la fleur qui sécrète le nectar. Selon lui, cette orchidée nécessite l’intervention d’un papillon de nuit avec une trompe assez longue. Darwin a été moqué pour son hypothèse. Mais il s’est avérée qu’il avait raison lorsqu’un papillon de nuit (Xanthopan morganii praedicta) a été découvert. Cette espèce a été nommée en l’honneur de son existence prédite par Charles Darwin et Alfred Russel Wallace. Et elle pollinise exclusivement l’orchidée de Madagascar, Angraecum sesquipedale. Sa trompe est suffisamment longue pour atteindre le réceptacle à nectar de l’orchidée, qui mesure entre 20 et 35 cm de longueur.

L’exemple le plus connu de plante pollinisée par les papillons de nuit est probablement la plante de yucca. Cette plante nécessite l’aide des proxidae pour polliniser ses fleurs. La femelle de cette espèce dépose ses œufs à l’intérieur des cavités des fleurs, appelées loges ou locules. Ensuite, elle recueille le pollen. Elle le forme en boule et le met dans la cavité de la fleur, pollinisant ainsi la plante. La fleur pollinisée peut désormais produire des graines. Cela arrive au moment où les larves de la teigne du yucca éclosent et doivent s’en nourrir.

 

Les coléoptères: 

Les coléoptères font partie des premiers pollinisateurs préhistoriques. Ils ont commencé à visiter les plantes à fleurs il y a environ 150 millions d’années. 50 millions d’années plus tôt que les abeilles! Les coléoptères continuent de polliniser les fleurs jusqu’aujourd’hui.

Des preuves fossiles suggèrent que les coléoptères ont d’abord pollinisé les fleurs anciennes, les cycadales. Néanmoins, les coléoptères modernes semblent préférer polliniser les descendants proches de ces fleurs anciennes, principalement les magnolias et les nénuphars. Il existe un terme scientifique qui décrit la pollinisation effectuée par les coléoptères: la cantharophilie.

Bien qu’il n’y ait pas beaucoup de plantes pollinisées principalement par les coléoptères, les fleurs qui en dépendent sont souvent parfumées. Ils dégagent des parfums épicés et fermentés ou des parfums en décomposition qui attirent les coléoptères.

La plupart des coléoptères qui visitent les fleurs ne consomment pas de nectar. Souvent, ils mâchent et consomment des parties de la plante qu’ils pollinisent et laissent leurs excréments. Pour cette raison, les coléoptères sont appelés pollinisateurs du désordre et du sol. Les coléoptères censés fournir des services de pollinisation comprennent des membres de nombreuses familles: Cantharidae, Buprestidae, Meloidae, Cerambycidae, Cleridae, etc.

 

Sources: 

https://plants.usda.gov/pollinators/Native_Pollinators.pdf 

https://www.thoughtco.com/insect-pollinators-that-arent-bees-or-butterflies-1967996

https://www.britannica.com/animal/Xanthopan-morganii-praedicta