La Pie du Maghreb est considérée désormais une nouvelle espèce. Une seule population de Pica Mauritanica se trouve en Tunisie et quelques-unes en Algérie et au Maroc. Bien que cette espèce soit fortement menacée en Afrique du Nord, elle reste jusqu’aujourd’hui sans statut de conservation clair. En outre, la Pie du Maghreb est peu connue et les données disponibles à son propos restent limitées. Cette situation critique rend les interventions de conservation plus que jamais indispensables.
Le projet “Répartition et évaluation de la vulnérabilité de la pie du Maghreb en Afrique du Nord”, co-développé par l’association Exploralis, Mr Ouni Ridha et Dr Nefla Aymen, subventionné par “The Rufford Fondation”, a pour objectif de fournir des informations actualisées sur la répartition et sur la dynamique des populations. Ce projet cherche également à identifier les besoins en matière de reproduction de la pie bavarde en Afrique du Nord. Et ce, afin d’identifier la principale menace des populations nord-africaines et de jeter les bases de mesures de conservation.

Les préalables à la mission:
Dans le cadre de ce projet, les deux ornithologistes tunisiens, Dr. Nefla Aymen et Mr. Ouni Ridha, sont arrivés le 16 août 2019 au Maroc pour entamer la première mission de recensement de la pie du Maghreb. En effet, les travaux de cette mission, qui se sont poursuivis jusqu’au 30 août, ont été développés et supervisés par Mr Ouni et Mr. Nefla qui fut le Project Leader.
A leur arrivée sur le territoire du Maghreb, les deux tunisiens ont conduit une réunion technique avec tous les ornithologistes impliqués dans cette mission. Dès lors, Ils ont procédé à la revue du planning aussi bien qu’à la vérification de la logistique requise. Par la suite, pour une prospection optimale des zones prédéfinies en se basant sur la littérature, les membres impliqués se sont répartis en deux équipes. Chaque groupe de travail, équipé d’une véhicule 4×4, s’est préparé pour amorcer le chemin vers une nouvelle aventure!

Le tour du Nord à la recherche de la Pie du Maghreb
Le premier groupe s’est attaqué à la traversée du nord du pays. Parcourant 2606 km en 9 jours, les membres de cette équipe sont parti de Casablanca, pour traverser un itinéraire prédéfini, à la recherche de la Pie de Maghreb. Ils sont passés respectivement par Mohamedia, Maiziz, Khmisset, Oulmes et Khnifra. Par la suite ils sont partis respectivement vers Ain Leuh, Azrou, Ait Omghar, Jbel Ayachi et Zaida-Midelt. Ils sont passés après par Outat El Hadj, Taourirt, Jerada, Oujda, Ahfir et Triffa. Et apres avoir visité le parc national de Taza-Tazekka, ils ont prospecté respectivement Fes, Taounet, Sidi Kacem, Kenitra, Mahdia, Boughaba, le village Aarjate et ensuite Rabat pour enfin retourner à Casablanca le 25 août.

Le tour du nord a procuré à l’équipe des rencontres privilégiés. A la recherche de l’espèce de la pie du Maghreb, les participants ont eu l’occasion de se frotter aux paysans locaux. Ces derniers, pendant longtemps, vivaient en interaction continue avec la biodiversité habitant et environnant leurs champs. De ce fait, ils se sont procurés des informations de grande valeur quant aux habitats de la Pie du Maghreb, aussi bien quant au comportement de cette espèce.
En effet, l’agriculture au Maroc adopte de plus en plus la mise en place des haies pour la séparation des terrains agricoles. Cette pratique s’est avérée adéquate et favorable à la nidification de l’espèce en question. D’une part, les brise-vent naturels procurent à la Pie du Maghreb un abri contre les rapaces. Et d’autre part, ils constituent un environnement propice à sa nidification. Les haies assurent également aux Pies une proximité de sources durables de nourriture.
Le tour du Sud à la recherche de la Pie du Maghreb
Le deuxième groupe, quant à lui, s’est intéressé au sud du pays. Partant de Casablanca et y retournant, Cette équipe a traversé un itinéraire de 4500 km. Ils sont passés par Loutay, Settat, Chaouia-Ouardigha, Azilal, High Atlas, Asselda et Amizmiz. Traversant Tata par la suite, l’équipe s’est orienté vers Tafraut, Jbel Bani, Andja, Guelmim, Tan-Tan, Laayoun et puis Tarfaya. En suite, ils sot partis vers Ifni, Tiznit, Agadir, Essaouira, Chichaoua, Marrakech, Sidi Bou Othman, et Abda. Cette traversée du sud du pays s’est répartie sur 11 jours.

Les indices de recensement de la Pie du Maghreb:
Au cours des deux traversées, celles du nord et du sud, les deux équipes ont procédé à la prospection de la présence de la Pie du Maghreb dans les zones prédéfinies. Pour ce faire, on s’est basé sur certains indices de présence. Les individus vivants observés de l’espèce ont été comptés. Ils ont été par la suite classés entre jeunes et matures afin de confirmer ou infirmer leur nidification.
On a également eu recours à d’autres indices tels que les squelettes ou les plumes. En effet l’espèce en cette période de l’année est erratique, ses déplacements s’étendent en général sur un rayon allant jusqu’à 20 kilomètres. De ce fait, une plume trouvée nous amène à prospecter toute la zone environnante pour chercher l’individu. Les plumes trouvées, non seulement incitent à la recherche des individus dans le périmètre en question, mais elles sont aussi retenues et conservées pour des analyses génétiques ultérieures.
En outre, les nids, mesurant généralement 1 mètre en hauteur, représentent un indice pertinent de présence de la Pica Mauritanica. D’ailleurs, on a également pris en considération les débris des nids. Les nids sont en effet utiles pour déterminer la taille de la population. Toutes ces données recueillies sur terrain, permettent de cartographier les sites de présence et de reproduction de l’espèces. Et cela s’avère indispensable pour l’avancement éventuel des travaux du projet.

Les recensements mis en oeuvre simultanément sur les deux itinéraires, nous ont permis de prélever des données pertinentes et précises quant à la répartition géographique de la Pie du Maghreb au Maroc. En outre, les prospections du terrain ont fourni des réponses aux hypothèses de base et aux questions initiales. Ceci dit, ces données ont clarifié les orientations des tendances des populations de la Pie du Maghreb. Et elles ont égalent abouti à l’identification de leurs exigences en habitats de nidification.
Répartition et évaluation de la vulnérabilité de la Pie du Maghreb, en Afrique du nord